Fast fashion : le gouvernement envisage de brûler plus de 50% des textiles usagés
plutôt que de leur donner une seconde vie.

Madame la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et
de la Pêche, Agnès Pannier-Runacher.
Alors que l’industrie textiles est l’une des plus polluantes au monde dans sa fabrication, vous
annoncez une réforme qui prévoit de réduire l’ambition de donner une seconde vie aux
textiles usagés et d’en brûler plus d’un sur deux, augmentant ainsi les émissions de gaz à
effet de serre.
Aujourd’hui, seuls 9 % des textiles usagés sont incinérés, et ce principalement grâce aux
actions des organisations de l’économie sociale et solidaire (ESS) qui permettent de réutiliser
plus d’un textile sur deux. Le ministère de la transition écologique est-il prêt à assumer un tel
recul environnemental quand il est pourtant urgent de réduire l’empreinte carbone de la
France ?
Les activités de tri des textiles usagés génèrent des milliers d’emplois non délocalisables qui
permettent à des personnes éloignées de l’emploi de retrouver de la dignité. Le ministère
est-il prêt à détruire cette politique sociale ? Le gouvernement souhaite-il répéter les erreurs
de la désindustrialisation de la filière textile qui a entraîné la perte de 66 % de ses emplois
entre 1996 et 2015 ?
La seconde vie des textiles s’est historiquement structurée en France autour des enjeux de
solidarité : donner ses textiles usagés pour permettre à des personnes en situation de
précarité d’accéder à des vêtements à moindre coût. La réforme envisagée aurait pour
conséquence d’empêcher toute association d’entreprendre librement de telles initiatives de
solidarité. Dans une période de crise du pouvoir d’achat, pourquoi fragiliser les plus
précaires ?
Le véritable problème de cette filière réside avant tout dans la quantité de textiles vendus
chaque année en France. La loi fast-fashion que vous avez portée constitue un premier pas
important pour s’attaquer au problème environnemental majeur que constituent les
montagnes de déchets textiles produites mais il faut aller plus loin !
Les organisations de l’ESS sont tout à fait conscientes que la filière de seconde vie des textiles
doit aujourd’hui évoluer, et nous vous réassurons par ce courrier notre volonté d’être parties
prenantes de ces évolutions, comme en attestent les propositions que nous vous avons
transmises.
À l’heure où l’on observe de nombreux reculs en matière de préservation de l’environnement
en France, ne manquez pas une occasion de faire de la filière textiles une filière plus
vertueuse environnementalement et socialement.
Benoît Hamon, président d’ESS France
Bruno Morel, président d’Emmaüs France
Sébastien Pichot, co-président du Réseau national des Ressourceries et Recycleries
